Michel Tremblay a beau avoir quitté Montréal aux premiers flocons pour se prélasser à Key West, la vie au Québec continue sans lui. La règle étant de profiter de l'hiver et sortir malgré ... malgré tout ! S'arracher au confort douillet des 20° intérieur, superposer les quatre ou cinq couches de laine réglementaires pour se jeter au bas de l'escalier glissant ou enneigé : "une expérience à vivre" comme le dit si bien le site internet du vieux Montréal.
La journée, le trottoir devenu patinoire devient "expérience" sympathique et solidaire. Une lente vieille dame jette du sel d'un gobelet avant de poser le prochain pas, une conversation spontanée entre piétons inconnus se moque gentiment d'un cycliste remontant difficilement sa bicyclette sur la pente du garage mais, enfourchant sa monture et, déjà au coin de la rue, il nous "jette la main" d'un air vainqueur ! "Soyez prudents !" dit la dame du dépanneur ... Et comme il ne sert vraiment à rien de râler (comme un français?) : patience. Gratter le pare brise de la voiture et les phares, pousser lorsque le véhicule patine, enfiler manteau et tuque pour fumer une cigarette dans le vent, aucune épreuve ne semble agacer les québécois. Révolution tranquille, on comprend mieux, vu de l'intérieur.
Dehors, la fête continue ! En décembre sur le vieux port de Montréal, cinéma en plein air (le programme précise tout de même d'apporter des couvertures), patinoire, camping urbain (!) (je cite : "Camping hivernal urbain. C’est sur l’île Bonsecours que les valeureux campeurs monteront leur tente et se prépareront à passer une nuit très particulière. Prétexte à la fête, ce rassemblement débutera par un 5 à 7 au Bar d’Hiver situé à deux enjambées de raquettes du campement.") mais aussi bar igloo, concerts et feux d'artifices tous les samedis ! J'avoue ne plus très bien savoir si je tapais des moufles luttant pour retrouver une sensation de doigts, ou pour encourager les musiciens qui s'excusaient en riant du désaccord des instruments à jouer "justes" par - 20° ! Un peu après 20 heures, dans le flot de la transhumance d'après feu d'artifice (pour les plus frileux et dont je fais évidemment partie) les enfants ravis et fatigués se prélassent, vautrés sur leur luge que trainent les parents ...
Rio-Angkor
Il y a 14 ans